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Poèmes extraits du recueil "La lente et simple passe des jours" de Georges Garillon
~1998 ~

La simple et lente passe du jour ~ Mon coeur de naguère ~ Au bout de mes doigts ~ Mon grand-père paysan ~ Autoportrait à la pointe sèche ~ Un oiseau d'amitié ~ L'adolescence aux yeux de mûres sauvages ~

   


Un oiseau d'amitié


Par la fenêtre ouverte
sur un ciel apprivoisé
un astre fidèle
en duvets d'or
fondant les ombres de la nuit

Au nez d'ne appétente matinée,
l'odeur volutée
de bras chauds
exquisément
de cristal et de sang

Dans les haies surprises de la colline,
les doux craquements du bocage
à déclouer l'aurore;
dans le silence glauque des roseaux,
l'appel stridulé des rousserolles
en contrepoint aux sifflets zinzinulés
des passerinettes

Dépossession aux confins de la terre et des eaux
d'une immensité de miroirs bleus,
bruits de rayons sur les tuiles,
où s'affolent les rousseurs dorées
des sédiments solaires
pour la cristallerie d'étincelles
d'un temps multiplié
à la poursuite  de ses délires
de non-retour

Je marche sur les sentiers ensoleillés
n'ayant d'autre pays que la bonté des branches
aux épaisses feuillées de feuilles feuilletées,
d'où s'échappe un oiseau d'amitié,
qui vire, volte, se pose, repart,
abolit son passage dans mes yeux,
vacille, s'élève, tournoie, voltige,
palpant avec ses ailes
les frontières du vent

Je pose mes pieds de nuages
dans le bleu sauvage des ornières,
où meurt le souffle meutri
des bandages étincelants
de ces charrois de siècles,
en lambeaux d'étoiles,
en papillotes de cambouis,
dans lesquels la jeunesse des vieillards d'antan
a resplendi
puis s'est enfoncée, s'est effacée,
pour se perdre dan la char des campagnes,
ce corps de terres perdues
où s'abreuve la désespérance des villages