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Poèmes
extraits du recueil "La lente et simple passe des jours"
de Georges Garillon La simple et lente passe du jour ~ Mon coeur de naguère ~ Au bout de mes doigts ~ Mon grand-père paysan ~ Autoportrait à la pointe sèche ~ Un oiseau d'amitié ~ L'adolescence aux yeux de mûres sauvages ~ |
Mon grand-père paysan
Quand l'aube
blanche sur les bois
se dévêtait de la nuit,
tu endossais le paletot
d'un monde vivant
de prairies et de champs,
mon grand-père paysan
Quand le
soleil crachait
sa salive d'or
sur le tamis de la journée,
tu vannais les humbles épis
du seigle barbelé,
mon grand-père éreinté
Quand la
colline fumait
ses lueurs d'arbres
dans un ciel nouveau,
tu chargeais la cheminée du matin
de bûches fidèles,
mon grand-père d'étincelle
Quand la
sueur du printemps
mouillait la terre des labours
dans ses profondeurs,
tu ensemençais à pleines mains
les sillons de grains d'orge
mon grand-père Georges
Quand l'été
sur les prés
enveloppait le roulis des graminés
de sa jupe odorante,
tu violais de ta faulx
les hautes tiges écartelées,
mon grand-père bien trop tôt en allé
Quand le
minerai des moissons
dorait les entrailles des emblavures
de sa beauté céréalière,
tu frayais leur chemin
aux machines de fer,
mon grand-père prolétaire
Quand les
hirondelles regagnaient
la clémence des méridiens
dans l'infini des ciels brisés d'or,
tu vendengeais sur le coteau
le bacot et l'oberlin,
mon grand-père hotteur au tendelin
Quand l'hiver
comme un tambour
battait les rues blanches de neige
au coeur du village recroquevillé,
tu abattais chênes et vernes
sur le sol durci de glaçons,
mon grand-père bûcheron
Quand les
belles roses du passé
frémissaient dans les jardins hors du temps
en offrande aux petites gens,
tu faisais sacrifice de ta vie
à la terre de tes aînés,
mon grand-père bien-aimé