Je vous parle d'un pays

Je vous parle d'un pays où le vent d'occident
fait se pencher les arbres vers le soleil levant
un pays de très ancienne aubaine
qui porte à son fronton feuilles de chênes

Je vous parle d'un pays où la ténacité du liseron
fleurit entre les allées parallèles du blé
un pays d'horizons bleus de collines vertes
qui rend hommage aux quatre saisons

La terre ma terre passe par mes mains
le ciel par mes yeux l'eau par ma bouche
témoins d'infini et de légitimité
ma substance ma puissance et ma loi

Je te nomme mon pays : la preuve d'être
souvenirs et présages neiges et rosées
je te nomme mon pays sans complaisance
dans l'unité et le secret de tous mes chemins

Dans les obscures nuées de mon éternité
je suis toujours l'attente du bonheur
du bonheur à parfaire je veille je brûle
je prends source ô mon pays en ton souffle

Le cours matinal et l'ordre des vents
sont mon langage et ma faim de paroles
j'entends encore le cri blanc d'une aube
avant que se tarisse la lumière du jour

Je vous parle d'un pays aux confins
des vallées entre Saône et Meuse
d'un pays où juillet et septembre
habitent l'âme et le corps de l'enfance

Je vous parle d'un pays où le vent d'occident
fait se pencher les arbres vers le soleil levant
un pays de très ancienne aubaine
qui porte à son fronton feuilles de chêne