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 "Odes" sont les paroles et musiques de la nature vosgienne tant chérie par mon père

Poèmes extraits du recueil "Odes" de Georges Garillon
~1990 ~

Je vous parle d'un pays ~ Moissons ~ Surgir ~ Cheminements ~ Le bleu d'un moment de ciel ~ Ma maison est sur la colline ~ Poème ~

   


Cheminements


L'obscur besognement de l'eau
dans la texture des argiles
creuse des circulations où prennent fin
les terrestres incertitudes

Voici venir de l'impossible fond
la sève vertigineuse ici ombelles et graminées
là le poudroiement d'arbres ou de céréales
ici encore mousses et fougères prés champs
là-bas forêts écorces charpentes feuillages
musiques baisers bouquets vents aurores

Ici sous la chair verte et les ténèbres
sous le faîtage planétaire l'azur lucide
l'astre qui n'a pas de limite et qui n'en finit pas
rien n'est jamais perdu rien n'est jamais celé
 vient à travers l'écorce une forme changeante
l'eau vue et puis non vue courante l'eau
truite de cristal avant son évanouissement
au travers des roches fixant le parcours des âges
cheminements au centre de la prairie
gisements glauques silencieuses ruptures des glaises
où la source jaillit : bain d'argent nimbé de myosotis
gravitation lente de l'eau sans contour sans espace
du pré au ruisseau filant sur les graviers
vive passante en ce lieu où se perpétuent
les traces de l'éternité sans terme

Du ruisseau au village sous le pont coutumier
elle entre dans un théatre de pierres
l'eau passagère qui se prend aux cailloux
saute caracole étincelle roucoule explose retombe
à seule fin d'entrer dans le temps d'aller
de pressentir de surgir de prendre une chose ici
de l'inventer de l'accomplir jusqu'à sa fin
émue de ce qui vient est venu s'évanouit
du ruisseau au village du ruisseau à la rivière
toutes choses qui passent se métamorphosent
et retournent sous le sable déjà inutiles
mais l'instant d'oser la chance le point
d'où  cavale un boisseau d'espoirs
vers le paysage bleu qui conteste la mort

Et se tient là témoin dressé contre le miroir liquide
l'homme de proie voué aux boues aux orties aux soleils
à seule fin de passer  de désirer d'aimer
de vaincre le temps et la douleur du silence