@rc~en~ciel
Nagda
Le rendez-vous des dieux ...
EPISODE II |
Auteur
: J.
LIONEL
Lergh, appréciait ce moment de détente, il en avait grand besoin.
La sortie d’une période d’hibernation, quel que soit la durée, présentait toujours les mêmes inconvénients. Plusieurs heures étaient nécessaires pour s’en remettre totalement.
Le malaise physique qui s’ensuivait n’était rien à côté des souvenirs flashs remontant soudainement à la surface, s’accompagnant souvent de véritables hallucinations, tantôt visuelles, tantôt auditives, tantôt sensorielles ou les trois à la fois.
Dans la cabine à ionisation active, Lergh, se sentit revivre, le flux d’ions à haute pression massait en profondeur son corps d’athlète accompli, procurant une sensation éminemment revigorante, tandis que la haute teneur en oxygène de la cabine finissait de lui remettre les idées en place.
Il se serait bien laissé aller à prolonger ces agréables sensations, mais il lui fallait se rendre sans tarder au poste de commandement.
Sorti de la cabine, son regard se porta sur le miroir virtuel qui lui renvoya son image en relief, Lergh ne put retenir un « oh ! » admiratif, son long sommeil l’avait rajeuni d’au moins quinze cycles, plus aucun fil blanc dans sa longue chevelure brune, tâtant son visage il apprécia la fermeté retrouvée de sa peau bronzée. Il ne paraissait franchement pas son âge.
Soudain, une douce sonnerie tinta, l’image de son fier visage au grand nez aquilin disparut, faisant place à une image saisissante, la face étrange d’une créature humanoïde à la peau bleu vert.
« Commodore, excuse mon intrusion, on t’attend immédiatement au poste de commandement. » dit une voix synthétique.
« Idraa, content de te revoir, toujours aussi jolie ... » lança Lergh à l’étrange créature « ... j’arrive de suite. »
« Fait vite Commodore, il y a urgence ! » répondit Idraa. L’image se dissipa.
S’habillant rapidement d’une combinaison bleue nuit, il enfila ses bottes anti-grav, il sortit de ses appartements tout en continuant d’attacher sa ceinture à laquelle pendait son arme de service.
Malho et Lanka avaient reconnu les terribles guerriers Jabiriou, dans le langage des Nahiou cela signifiait « les Féroces », ils étaient les ennemis héréditaires des habitants de Nagda.
Depuis toujours ils craignaient leurs incursions guerrières, les Féroces étaient des semi-nomades qui vivaient de rapines, leurs croyances les amenaient à pratiquer le sacrifice humain, aussi lorsque leur errance les mettaient en contact avec la population d’un village pacifique, il ne fallait pas longtemps pour qu’ils sèment le malheur et la désolation.
Les deux frères comprirent très vite que leur intrusion avait pour cible la tranquille cité lacustre.
« Il faut les en empêcher, que Raya nous protège ! »
fit Lanka dans un murmure en sortant une flèche de son carquois.
Malho retint son jumeau par le bras l’empêchant de se ruer vers les terribles
Jabiriou.
« Mon frère » chuchota Malho « ne fait pas le fou, tu as envie de te faire massacrer, ton sacrifice ne servirait à rien, suis moi».
et il se faufila courbé dans les herbes essayant de contourner le groupe ennemi, Lanka calmé derrière lui.
Parcourant les couloirs du grand vaisseau endormi, Lergh ne croisa qu’un androïde de maintenance tout de gris vêtu, qui le salua d’un tonitruant « Salut à toi Commodore », la voix était teintée d’un extraordinaire accent synthétique.
L’apparence des cybers était si humaine que les ingénieurs les avaient dotés de cette particularité phonique permettant de les identifier.
Lergh répondit négligemment au salut, il se demandait pourquoi on l’avait tiré aussi vite de son sommeil artificiel.
Arrivé devant la passerelle de commandement, la porte se dématérialisa devant lui, laissant entrevoir une vaste pièce sombre seulement éclairée par la lueur émanant d’étranges appareils.
Lergh entra et dit « tu es là Idraa ? », rétablissant l’éclairage de la pièce la jolie amphibienne se retourna brusquement surprise. De sa voix synthétique féminine elle lui susurra « oh ! excuse moi, commodore, je me reposais les yeux. »
Idraa lui adressa un large sourire, elle était jolie dans sa combinaison bleu ciel qui la moulait avantageusement.
Idraa était une triiiits, une amphibienne qui à l’origine vivait près des grands lacs marécageux de la planète Maïa. Habitués à la pénombre des fonds aquatiques les triiiits voyaient parfaitement la nuit et la lumière vive les dérangeait. Mammifères aquatiques amphibiens leur apparence était humanoïde et ils étaient génétiquement compatibles avec les humains. Les seules différences physiques visibles étaient leurs membres aux doigts palmés et leur peau serpentine. N’ayant pas de cordes vocales ils émettaient des sons aigus d’où leur nom, et communiquaient entre eux par ultrasons, ce qui les obligeaient à utiliser un traducteur-générateur vocal pour se faire comprendre des humains. Comme tous les siens Idraa était chauve.
Lergh répondit à son sourire et lui dit « alors Lieutenant Idraa, que se passe t-il ?
Elle le regarda de ses grands yeux dorés dont les iris n’étaient plus qu’une fente, « Une communication spatio-temporelle urgente nous est parvenue du vaisseau Setto, Commodore. »
Lergh intrigué répondit ironique « Que nous veux ce cher amiral Methi, il ne dort jamais ! »
« Je n’en sais rien, Commodore, le message insiste sur l’urgence, il
faut le rappeler au plus vite. »
« Bien, je vais le faire immédiatement » répliqua
Lergh en s’enfermant dans son bureau. « Qu’y a t-il de si urgent »
pensa t’il à haute voix tout en enfilant une paire de gants tactiles.
Il s’installa dans son large fauteuil anatomique et effleura une commande sensorielle sur son bureau, le siège pivota et s’inclina en arrière, une large lucarne s’éclaira sur le plafond hémisphérique et l’image virtuelle d’un officier en tenue rouge et noire s’afficha devant lui.
« Salut à toi Major, ici le Commodore inter-G. Lergh Sedonn du vaisseau impérial Izsia, veux tu me passer l’Amiral Methi ... »
« Non, mon ami, mais ma seconde fille Namilia l’a aperçu en compagnie de Oum, ils se dirigeaient vers les grandes falaises blanches. »
« Priam, mon frère, ce gamin, m’exaspère ! .... » se lamenta Gorak en se dirigeant vers le vieux pêcheur « toujours dans la nature avec ce sorcier, il va faire de mon fils une femmelette .... »
Gronn, le chef de guerre Jabiri, suivi de quinze guerriers impressionnants l’était
plus encore, mesurant plus de deux mètres, les muscles saillants, la
tête rasée, la face peinte en rouge, il serrait dans la main droite
un énorme casse-tête en pierre.
Il s’arrêta soudain en entendant au loin, devant lui par delà un rideau d’arbres, des cris et des rires d’enfants, il savait maintenant que Nagda n’était plus loin.
Il fit rassembler ses hommes et d’un geste leur intima le silence. Ils n’avaient plus qu’à s’approcher invisibles et fondre rapidement sur leur butin.
Gronn extérieurement calme et concentré, se réjouit à la pensée de ces enfants, victimes de choix pour le sacrifice au dieu. En ramener quelques uns au camp lui vaudrait sûrement tous les honneurs.
Ses pensées s’arrêtèrent là, soudainement tel l’éclair une flèche transperça la gorge d’un Jabiri qui s’écroula lourdement dans un cri muet, puis une autre s’enfonça dans la poitrine d’un second touché en plein coeur.
Alors Malho et Lanka se révélèrent brusquement à la vue de leurs ennemis en poussant des cris de victoire, et disparurent prestement dans la dense végétation.
Tout en suspendant de gros poissons argentés au-dessus du fumoir, Priam fixa soudainement l’extrémité opposée du village. Il écoutait les aboiements des Anoupiou, ces grands chiens à moitié sauvages, ressemblant à des chacals qui leur servaient de gardiens.
Les femmes, habituellement occupées à racler les peaux sur la place centrale, avaient cessé leurs bavardages, soudainement anxieuses, elles écoutaient aussi.
Seuls les enfants insouciants continuaient de jouer, pataugeant dans l’eau, s’éclaboussant à qui mieux-mieux à grands renforts de rires.
Gorak lui aussi avait perçu le danger, ses sens aiguisés de chasseur et de guerrier, ne pouvaient se tromper, cette atmosphère pesante, le temps comme suspendu, ces aboiements familiers mais pourtant différents, autant de signes...., n’attendant plus, il se mit à crier à la ronde « vite, vite tous les Nahiou, à vos armes !!!! »
L’alerte donnée, leur plan déjoué, un instant interloqués, furieux, les Jabiriou se lancèrent à la poursuite des deux jeunes hommes, qui s’enfuyaient vers les collines.
Les femmes déjà avaient récupéré les enfants
et se dirigeaient toutes vers la grande case commune qui leur servait d’abri.
Les hommes enfin réunis sur la grand place, parlaient vivement, tous
leurs sens en alerte.
« Il faut aller voir ce qui se passe » ordonna Gorak, tout en se dirigeant d’un pas décidé vers l’origine du bruit suivi de tous les hommes en armes.
A peine sorti de Nagda, Gorak vit les chiens, semblant se disputer une proie, rassemblés dans une meute sauvage.
Courant alors suivi de sa troupe, ils chassèrent vivement les Anoupiou qui s’écartèrent en grognant et aperçurent alors les corps à moitié dévorés des deux guerriers Jabiriou.
Zidam s’était écarté du groupe et furetait semblant chercher une piste, s’arrêtant brusquement, il s’écria « venez vite, par ici, ils se sont enfuis par ici » en montrant les hauteurs qui surplombaient Nagda.
Soudainement inquiet, Priam dit d’une voix angoissée « Néfertya, Namilia, mes filles !!! », tous se retournèrent sur lui interrogatifs, « elles sont parties traire les chèvres dans les collines ....... »
« En es-tu sûr, Amiral ? » répondit la voix de Lergh
Face à lui, l’image se détachant de l’écran de l’Amiral Methi s’agita.
«Evidemment oui, Commodore, crois-tu que je vous aurais alerté pour rien! »
«Cette planète possède t’elle toutes les conditions requises pour notre future installation ? » interrogeât Lergh intrigué.
«Nous n’avons pas encore le résultat de toutes les analyses,
mais j’ai pris sur moi d’en avertir mon équipage et j’ai envoyé
un commando de débarquement vérifier sur place »
« Amiral, tu connais la procédure ? » s’insurgea Lergh «
tu dois attendre les conclusions des experts avant tout et seul l’Impérator
peut prendre une telle décision. »
« Mais .... » balbutia l’Amiral
« Je t’ordonne de rappeler immédiatement ton commando et j’insiste sur immédiatement ..... »
« Qui es tu pour me parler sur ce ton !!!! je suis Amiral de la flotte impériale, ne l’oublie pas ..... »
« Et moi je suis Inter-G. , je ne reçois d’ordre que de l’Impérator lui-même et tout amiral que tu es, tu me dois obéissance, est-ce bien compris Amiral Methi ? »
Enervé celui-ci coupa la communication d’un geste sec, l’écran
s’éteignit et la lucarne se referma sur le plafond sombre.
Faisant partie de la garde noire de l’Impérator Zorn, Lergh était
un Inter-G. , il fallait entendre par là Inter-Galactique et son rang
de Commodore était le plus élevé dans cet ordre. Quelque
soit l’armée ou le grade, chacun devait assistance et obéissance
aux Inter-G. , telle était la loi.
Penché sur son bureau Lergh effleura une touche, la communication mentale avec l’ordinateur central s’établit et une carte spatiale multidimensionnelle apparut, il pensa « secteur NX21 » et l’image zoomée s’arrêta sur la représentation d’un système solaire qu’il fit tourner sous tous les angles d’un geste du doigt, et s’arrêtant sur un grossissement de la troisième planète il murmura « c’est donc là ! » .
Effaçant cette vision d’un geste de la main il fit apparaître le visage souriant d’Idraa.
« Lieutenant, alerte de suite le patrouilleur Axia, fait le armer pour un long voyage qu’il se tienne prêt à appareiller sans tarder dans le lanceur 4. »
« Bien Commodore est-ce tout ? »
« Tu alertes immédiatement le commando d’intervention et tiens toi prête aussi, tu viens avec moi ! »
le visage de l’amphibienne s’éclaira, « à tes ordres Commodore » lui dit-elle réjouie.
« Ah ! , autre chose, fait réveiller en douceur l’Impérator ..... »
Il coupa la communication, sélectionna l’option « ciel » et aussitôt dans un doux chuintement le plafond s’ouvrit en son milieu et coulissa, faisant place à une verrière translucide à travers laquelle apparut l’éternelle nuit étoilée de l’espace, alors le regard perdu dans l’immensité galactique, il s’enfonça songeur dans son fauteuil.
Fin ? ... non !
Allez, cette histoire vous inspire?
la suite ... bientôt ! |